Un tranquille coming out littéraire
- Tanguy Piole
- 16 sept.
- 1 min de lecture
Le dernier livre de Jean Desportes à peine sorti aux Éditions du Rocher, je l’ai englouti d’une traite. Clandestin familialest un titre bien trouvé : connaissant l’auteur à la ville, je l’avais entendu raconter sa jeunesse dans les quartiers chics, la manière qu’il avait d’être et de ne pas être tout à la fois dans les rallyes bourgeois, son besoin et son art de la permanente dissimulation. Antoine Dubreuil, le héros de Clandestin familial, est de dix ans son cadet. Lui aussi se débrouille dans l’existence du mieux qu’il peut, son parcours académique est plutôt réussi, ses expériences ne le font pas souffrir. Les filles sentent la moule, il s’en éloigne après une unique tentative, et finalement se case ultra vite, comme un bourgeois d’une nouvelle catégorie, celle des gays Alpha (c’est moi qui parle). D’une certaine manière, il ne s’échappe donc pas complètement. J’ai aimé l’écriture précise et riche. Jean Desportes pratique la littérature comme une technique largement rodée, son roman ronronne comme une berline sur l’autoroute. La grande histoire des gays du XXe siècle est en filigrane dans le texte, abondamment documentée, leur pandémie, leur combat législatif, leurs droits et leur respectabilité acquis de haute lutte. Jean Desportes et Antoine Dubreuil ont tous deux touché mon cœur.

























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