Sirāt, à la réflexion c’est oui !
- Tanguy Piole
- 14 sept.
- 2 min de lecture
On ne parlait que de lui, Sirāt avait halluciné Cannes, c’était le phénomène ciné de la rentrée. Malgré son Prix du jury ex aequo, j’étais sur mes gardes. Comme d’hab pour les chefs d’œuvre annoncés, j’avais choisi la première séance de neuf heures le jour de la sortie. Or oui, c’est vrai qu’il y a quelque chose de grand dans ce quatrième film d’Oliver Laxe, réalisateur chevelu semblant tout droit sorti de Woodstock. L’histoire fleure bon notre époque aussi inquiète que celle des beatniks (à ceux qui ne l’ont pas connu, il est bon de rappeler que le monde les années soixante-dix était tout aussi fébrile que celui d’aujourd’hui). Le film campe une jeunesse plus ou moins jeune droguée au sable du désert et aux substances pour échapper au grand collapse. Il est beau dans les sentiments qu’il met en scène, la solidarité, la tendresse, la soif de connaitre l’autre. L’électronique bande son de Kangding Ray peut mettre en transe les âmes sensibles. Cerise sur le gâteau de shit, à part le père, Luis (formidable Sergi Lopez), les autres personnages sont joués par des amateurs aussi cabossés que crédibles. Erg, reg et Hamadān sont les variantes d’un désert qui se veut du Sahara occidental, mais rien dans le script ne le confirme. Ce pourrait aussi bien être le Gobi, l’Atacama. Ou même un désert de synthèse. Et, sauf quand quelque critique idiot vend la mèche, son synopsis tient du secret d’état. Du coup, le film surprend, le mot est faible ! Alors oui, j’ai été saisi. Et j’ai crié, crié (mais pas pleuré pour une fois), seul à le faire dans la grande salle de l’UGC Les Halles : quand j’ai peur, je crie (j’en dis déjà trop). Après quatre jours de réflexion, je rejoins la meute des admirateurs. Cette œuvre si singulière a fait tomber toutes mes défenses anticonformistes.

























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