Enzo casse les codes, pas la baraque
- Tanguy Piole
- 19 juin
- 1 min de lecture
Enzo surprend : le personnage a seize ans, c’est très jeune, on l’oublie un peu vite car le garçon a décidé de bousculer son existence bourgeoise et d’exercer un métier d’homme, il veut devenir maçon. Quels sont les ressorts de sa motivation pour ce métier physique qui le fatigue et parfois le blesse, c’est un mystère pour ses parents et pour le spectateur. Mais ce qui fait d’Enzo joué par Éloy Pohu un personnage inoubliable c’est que c’est peut-être un mystère pour lui aussi. De quelle névrose Enzo est-il le sujet et quels désirs l’habitent ? Ne rien spoiler. Le film de Laurent Cantet lui survit : le réalisateur est mort à soixante-deux ans (le bel âge) avant de l’achever. Cantet avait un très bon ami qui se trouvait être, lui aussi, un grand réalisateur, c’est donc Robin Campillo qui a terminé le film. Un beau témoignage d’amitié. Et d’une certaine manière, une réussite. Mais était-il besoin de ces péripéties du chantier, ces échelles que l’on monte pour redescendre aussitôt par un autre chemin, ces pierres que l’on jette, qui encombrent et qu’on devra balancer plus loin, à se demander si les réalisateurs connaissaient quelque chose à la maçonnerie. Et quid du pédigrée ukrainien de l’autre maçon qui prend Enzo sous son aile ?, le scénario aurait fonctionné sans (je n’ai pas aimé qu’on me laisse dans la panade quand il s’engueule avec son compatriote en me privant de sous-titres en français). En conclusion, un personnage en construction qui m’a profondément touché mais un film gâché par quelques scènes auxquelles il est difficile de croire.
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