Destin incertain pour Wajdi Mouawad
Jouée une première fois en 2022, la création de Wajdi Mouawad, Racine carrée du verbe être, est présentée deux ans plus tard au Théâtre de la Colline. Véritable homme orchestre, Wajdi Mouawad est aussi le directeur de ce théâtre et il joue le rôle principal de la pièce, celui de Talyani Waqar Malik, c’est-à-dire lui-même dans cinq destins possibles, un rôle qu’il partage tout de même avec Jérôme Kircher, le père de deux petits génies du cinéma français de 2024, Samuel et Paul. La critique du Monde de 2022 suggérait aux spectateurs - qui se levaient comme un seul homme à l’issue du spectacle - une non obligation de tomber en pamoison pour cause de trop bien-pensance. Je suis sorti sonné par les cinq heures (plus deux entractes) passées sagement assis sur mon fauteuil de théâtre à goûter la recherche mathématico-philosophique du texte sur le caractère indomptable et pour tout dire l’absurdité de l’existence mais à froncer les sourcils aux injonctions d’indulgence et d’amour rarement vues hors des églises. Il demeurera comme un souffle profond ancré à vie dans mon occiput et, sur mes tympans, l’assourdissante détonation du port de Beyrouth un certain 4 août 2020.
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