Cat people de Gilles Bindi : on peut continuer d’exister, pourquoi pas ?
Êtes-vous de la confrérie des cat people, ces gens-chats un peu timides et dépressifs, ou pensez-vous qu’on peut aussi croire à l’homme ? La question pourrait être ainsi posée par « l’omniscient », celui qui raconte, dans Cat people, roman de Gilles Bindi. À distance de l’élite auto-proclamée des années 2020, sept personnages déglingués se font du bien dans le huis-clos d’un appartement parisien du onzième arrondissement avant qu’un huitième vienne essayer de comprendre ce qu’ils ont à dire au reste du monde. Cette famille hors état civil m’a rappelé celle, plus classique, de l’immeuble du quartier Belleville dans La vie devant soi (1975) d’Émile Ajar (auquel rend hommage une épigraphe en début de texte). Et celles (une par étage) du 11 de la rue (imaginaire) Simon-Crubellier dans La vie mode d’emploi (1978) de Georges Pérec. Gilles Bindi a aussi ces références. Et, plus encore, celle de La Conjuration des Imbéciles (qui suscite une autre épigraphe), sublime histoire d’un loser aussi pataud dans son lien avec son propre corps qu’avec la société. Ce roman de John Kennedy Toole a été publié par sa mère après le suicide de l’auteur à trente-et-un ans. Gilles Bindi, lui, survit à son écriture. On peut même penser qu’elle est un remède au désespoir profond qui transpire de son texte magnifique. Quant à ses personnages, surdoués ou désespérés, une fin tragique les menace aussi. Trouveront-ils, comme leur inventeur, les ressorts d’un rebond ? Sur 240 pages, l’auteur nous renvoie à ses obsessions et sa sensibilité si singulière, un attachement quasi clinique au respect de notre prochain. C’est en quatrième de couverture qu’on trouve la morale de sa fable si touchante : « Et si les gens à part se donnaient la main…et décidaient de ne plus être des victimes ? ». Connu jusqu’à présent pour ses films, Gilles Bindi entre en fanfare dans le rôle d’écrivain : son premier roman est une claque.
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