Bye bye sida
Quand mon fils de vingt ans m’a demandé ce que voulait dire AIDS, j’ai compris ce que quarante ans d’écart d’âge emportait, une folle légèreté paradoxale dans un monde croulant sous le poids de périls exagérés, sourd aux morts vraies vécues par ses baby-boomers. C’était dans l’enceinte de Beaubourg à l’exposition « Over the Rainbow » présentant photos, films et documents sur la lutte LGBT+ des cent-trente dernières années. L’expo est bien ficelée et visible jusqu’au 13 novembre 2023. J’ai été sensible à des œuvres déjà vues de Jean Cocteau et d’Andy Warhol, à d’autres inconnues de moi, « Un chant d’amour », court-métrage de Jean Genet sur l’amour gay en prison tourné en 1950 et diffusé pour la première fois vingt-cinq ans plus tard, un reportage photo de Wolfgang Tillmans dans la Russie d’aujourd’hui (« Great things never come from comfort zones »), l’affiche « Happy to be gay, Heureux d’être gay » de Davé/Kippenberger/Ohrt dans le cadre d’une campagne lancée en 1993 par le Ministère de la culture et l’Agence française de lutte contre le sida. Ma visite a été rendue joyeuse par le sentiment illusoire que cette saloperie de virus avait fini par clamser, l’ingénuité de mon fiston sonnait comme un signal : il était temps de passer à autre chose.
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