Retrouvailles
2021 fut une année de rattrapage. Nos gentilles autorités sanitaires nous ont permis de visionner des films de 2020 malmenés par la première année covid et de plus anciens. Le 19 mai, j’ai retrouvé comme d’autres Français qui n’attendaient que cela (pas tous étrangement), le chemin des salles obscures. Quarante-quatre films sortis en 2021 plus tard (beaucoup prêts depuis 2020 voire 2019…), je vous en livre la liste en reprenant des extraits de mon journal et en tentant un palmarès pour les vingt premiers.
1. Bouleversé par Berlin Alexanderplatz, film de Burhan Qurbani, nouvelle adaptation du roman éponyme d’Alfred Döblin de 1929. Splendide corps noir d’ébène de Welket Bungué, l’interprète de Francis, Omar Sy parlant teuton, auquel le spécialiste des effets spéciaux retire un bras gauche pendant une bonne partie du film. Ambiances et couleurs exagérées à la Léos Carax. L’auteur est un Allemand d’origine afghane. Que retient-il du destin de son pays sur lequel la presse s’est tant appesantie pendant des semaines ?
2. Tombé en pamoison à la projection de Drive my car, film de Ryusuke Hamaguchi d’après un extrait du recueil Des hommes sans femmes de Haruki Murakami. Je rêve de louer une SAAB pour circuler à mon tour dans un Japon intellectuel et sensible. Aucun de mes amis n’a vu que la scène finale se passent en Corée où ont donc émigré les deux héros partis rejoindre leurs amis : on y roule à droite depuis les années cinquante, le reste du film étant au Japon où la SAAB roule à gauche... C’est vrai qu’on peut aimer le film sans cette clé.
3. Vu Julie (en 12 chapitres), film de Joachim Trier. Très belle narration de l’existence d’une femme qui ne se trouve pas, ne se trouvera pas, sur l’injonction de la maternité, sur l’amour hétérosexuel, l’importance de la dimension artistique dans la construction d’une relation.
4. Adoré The French dispatch, film de Wes Anderson que je ne voulais pas forcément voir au vu de la bande-annonce. Un ami m’avait dit que c’était très intelligent. J’ai été époustouflé par ce film, c’est la quintessence de la France avec le regard nord-américain. Mathieu Amalric, Timothée Chalamet et Lea Seydoux ne gâchent pas l’affaire. Je pense à Boris Vian et son collège de pataphysique, je pense à Georges Perec.
5. Arthur Dreyfus signe son premier long métrage, Noël et sa mère, une vraie réussite. Je découvre Noël Herpe, croisé plusieurs fois, être singulier. Arthur et lui sont très intimes, je goûte le rapprochement des extrêmes. Le huis clos entre la mère de Noël et lui fonctionne parfaitement. Elle minimise sa trajectoire sur terre mais a un vrai talent d’analyse, parle avec son cœur, avec intelligence, je suis dans son camp. Noël est hystérique, le mot est faible. Ses vingt-cinq ans d’analyse ne lui ont pas permis de trouver la tranquillité, ses colères sont glaçantes. Il pleure à deux reprises sans qu’on s’y attende, c’est bouleversant. J’aimerais le rencontrer mieux, c’est un effet direct du film, Arthur Dreyfus a cette capacité à créer l’intimité, cela est très clairement le cas dans son lien avec Noël et la Mère Michelle qui a perdu son mari. Le travail d’orfèvrerie en quoi a consisté le montage est impeccablement réalisé. Le film sorti le 15 décembre 2021, sera projeté en 2022 dans certaines salles, il est estampillé 2019, nous y sommes, deux ans de glaciation covid. Souhaitons-lui une trajectoire moins raccourcie que tant et tant de films qui se sont agglutinés dans des créneaux de programmation raccourcis.
6. Vu Les Olympiades, sublime film de Jacques Audiard. La salle de l’UGC Ciné Les Halles est pleine. Lucie Zhang, tellement médiatisée cette semaine, Chinoise de Paris victime de l’injonction parentale Tu travailleras dur ma fille, ne sortiras pas, démontreras la supériorité chinoise, est magnifiquement libérée dans son personnage. Elle me rappelle Tu Huaiqing, actrice du Palanquin des larmes il y a quelques décennies. Makita Samba et Noémie Merlant jouent impeccablement. Je suis sidéré de voir cette dernière dans un rôle d’homme transgenre dans la bande annonce de A good man, film de Marie-Castille Mention Schaar. La dalle du treizième m’émeut, comme les vues des tours depuis le vingtième étage de celle dans laquelle est tourné le film, les scènes de descente des ordures dans d’improbables locaux à poubelle aussi. Les pneus des voitures crissent sur le revêtement peint des parkings, je suis transporté pendant 106 minutes au 74 rue Dunois où j’ai vécu cinq ans au trente-deuxième étage.
7. Vu Stillwater de Tom McCarty au cinéma à Montréal. Matt Damon très crédible en Américain basique de l’Oklahoma, sauvant sa fille de la prison à Marseille. Un scénario avec des indices, le spectateur est donc maitre de l’interprétation sur le dénouement. Une clé serait allée dans les mains de Camille Cottin qui aurait libéré le prisonnier de Matt alors que je l’avais imaginé pourrissant dans sa cave.
8. A Paris, avant de partir pour le Canada, vu Annette. Bravo Léos Carax, c’est comme si on était encore en 1984. Et dire qu’il a soixante ans…J’imagine Leos Carax très laid mais il est beau ! Je confonds avec son acteur fétiche, Denis Lavant, également soixante ans ! Adam Driver et Marion Cotillard en chanson, en passion, en douceur, une enfant naît, est-elle réelle ? Soudain, elle prend le dessus, venge sa mère Anne sans ette à la fin. Crime et châtiment grâce à elle.
9. Vu le jour de sa sortie Illusions perdues, adaptation du roman de Balzac par Xavier Giannoli, dont j’avais aimé le Marguerite. Benjamin Voisin est touchant et Xavier Dolan, son ennemi puis son ami dans le film, joue un rôle ambigu de beau célibataire qui lui sied parfaitement.
10. Vu le jour de sa sortie, Memoria, le dernier film d’Apitchatpong Weerasethakul encensé par la critique. Jeanne Balibar qui figure en bonne place dans la promotion du film n’y dit que trois mots et n’apparait à l’écran qu’une ou deux minutes. Remarquable interprétation de Tilda Swinton victime d’hallucinations sonores. La pluie sur la jungle me ramène dans la Thaïlande de Weerasethakul, ma Malaisie. L’amnésie envahit le cerveau de Tilda. Un parfum de poésie émane de ce film, ce cinéaste est décidemment touchant.
11. Vu sur Netflix le dernier film de Jane Campion, The Power of the Dog. Touchant combat contre lui-même par Benedict Cumberbatch jouant Phil Burbank, un cowboy basique du Montana dont je découvre qu’il se situe au sud du Saskatchewan et à l’ouest du North Dakota, certainement un lieu pour moi. Le frère joué par Jesse Plemons est doux comme Lennie dans Des souris et des hommes. Comme Netflix « interdit » le film aux moins de 16 ans, je crains à tout instant une scène d’une violence insoutenable. Elle n’arrive pas. Le tendre Kodi Smit-Mc Phee jouant Peter Gordon, âme sensible ridiculisée par les gros bras amis de Phil a non seulement la vie sauve mais tue indirectement Phil par le biais de la maladie du charbon. Je retrouve Jane Campion comme on retrouve une amie.
12. Vu La panthère des neiges de Marie Amiguet et Vincent Munier. J’ai été subjugué par l’ambiance de ces montagnes tibétaines, me suis transporté en 1987, mon bref séjour au Tibet. Tesson est sobre. Le film fait écho à son livre, l’enrichit du sourire confondant de Vincent (Munier comme l’appelle avec mépris Tesson dans son livre, lui qui donne du géographe parlant du talentueux Cédric Gras qu’il n’oserait bien sûr pas qualifier d’écrivain). Je sais tout de même gré à Tesson de m’avoir permis de voir l’ours : https://www.tanguypiole.com/single-post/j-ai-vu-l-ours
13. Vu Nomadland, de Chloé Zhao. A la hauteur de mes attentes, je suis remué, j’atteins donc l’âge de ces héros-là ? Elle a le corps bien conservé qu’elle laisse dériver nu dans les rivières du Nevada et de l’Arkansas, ne veut plus de confort. Une Chinoise des USA peut faire couler tant d’émotion à propos de la précarité ?, les Etats-Unis sont un grand pays.
14. Emmené mon fils et son copain moldave admirer le magnifique Timothée Chalamet dans Dune du Canadien Denis Villeneuve. Un ami m’avait dit que le film valait par son acteur principal. Je suis aussi très sensible aux vues du désert. Renseignement pris, c’est à Wadi Rum en Jordanie que le film a été tourné, en ayant recours à des décors en taille réelle et peu de « fonds verts ». Allociné : Pour le rôle de Paul Atréides, Denis Villeneuve n’envisageait personne d’autre que Timothée Chalamet : « le choix de Timothée Chalamet s’est révélé très simple : il n’y a pas eu de casting ! Je n’envisageais que Timothée. Je n’avais pas de plan B. Autrement dit, je tournais Dune avec Timothée Chalamet, un point c’est tout. » Hâte de voir la deuxième époque dont Villeneuve dit qu’elle sera « le plat principal ».
15. La loi de Téhéran de Saeed Roustayi : je me suis exprimé déjà dans un blog dans lequel j’évoque aussi Titaneque je n’ai pas pu visionner jusqu’au bout : https://www.tanguypiole.com/single-post/mes-yeux-ne-peuvent-pas-tout-histoires-de-ciné
16. Vu La fièvre de Petrov, film de Kirill Serebrennikov. Malgré l’interdiction aux moins de douze ans, je tiens bon, ne flanche pas devant la scène de la gorge d’enfant tranchée (c’est un rêve…) : cette fièvre russe ne fait-elle pas partie intégrante de l’esprit russe ? J’étais soupçonneux par rapport au caractère laudatif des critiques, craignant que cela fût à mettre au compte de la solidarité avec un réalisateur enfermé à Moscou par Poutine. De même qu’avec Leto, découvert il y a quelques années, je me laisse emporter dans une URSS profondément humaine et tragique, aperçue lors d’un séjour en 1990 avant qu’elle ne se ferme. Le film résonne étrangement en période de covid,. Je fais mienne la critique de Marianne : https://www.marianne.net/culture/cinema/la-fievre-de-petrov-pourquoi-vous-nauriez-pas-du-quitter-cette-salle-de-cinema
Je n’ai pas quitté la salle de cinéma et inscris Kirill Serebrennikov dans mon panthéon des cinéastes russes aux côtés d’Andreï Tarkovski, Alexandre Sokpourov, Andreï Zvyagintsev et Nikita Mikhalkov.
17. L’événement, film d’Audrey Diwan d’après un roman d’Annie Ernaux. J’ai songé à une amie chère, eue au téléphone hier pour Noël, son avortement (Siri avait écrit appartement) en 1963 avec des aiguilles à tricoter. Mon attention n’a pas décroché un instant de ce film tellement réaliste.
18. A l’UGC Les Halles, séance de 9h de Suzanna Andler. Admirable Charlotte Gainsbourg, remarquable évocation de l’ambiance durassienne. Décidément, c’est une année Ernauxienne et durassienne, ce qui revient un peu au même.
19. Sur conseils d’un ami sur Facebook, je suis allé voir le premier long métrage de Charline Bourgeois-Tacquet. Échange avec elle sur Messenger à la sortie : Bonjour, je suis un ami d’un tel. Je sors du cinéma, les amours d’Anaïs ne sont pas un premier film ?! C’est très maîtrisé, vos actrices et vos acteurs sont magnifiques, un grand bravo !
- Si, si, c’est mon premier long métrage…Merci beaucoup de votre message, vous me faites plaisir !
- Ce film m’a touché, vraiment
20. Vu The cloud in her room, film de l’inconnu Zheng Lu Xinyuan : je découvre un cinéaste chinois qui ose la nudité en érection, l’amour sur scène pour de bon si je me fie aux schlick schlack. Il rentre aussitôt dans mon panthéon des cinéastes chinois aux côtés de Tsai Ming Liang, Chen Kai Ge, Wang Bing, Jia Zhang Ke et Hou Hsiao Hsien.
Pour les vingt-quatre films suivants, l’ordre alphabétique me permettra de ménager les susceptibilités. Aucun déplacement au cinéma par erreur en tout cas, que des moments d’émotion, mais impossible de donner la place de quarantième à aucun d’entre eux.
- Tout d’abord, ce film complètement oublié dans mon journal, décrié par une partie de la critique qui l’a opposé aux Misérables de Ladj Ly : Bac Nord, de Cédric Jimenez prendrait le parti des flics quand les Misérables serait du côté des racailles…Un trimestre après l’avoir visionné, il me reste de ce film une troublante impression que les gangs des cités ne peuvent terroriser au quotidien comme on le lit, que l’ordre de la cité sous leur responsabilité assumée n’est pas un vain mot. Dans les deux films une charge finale des keufs dans une cage d’escalier, on se croit à Bagdad.
- Vu Balloon, film chinois en tibétain de Pema Tseden. Les hommes des trois générations y sont tendres, les femmes tirent les ficelles, trouvent les failles dans le dispositif de coercition traditionnelle, religieuse, chamanique, prennent avec douleur des chemins de traverse. Deux jeunes garçons nus courent sur la dune. Un film pour moi diraient mes enfants, très abordable me semble-t-il, qui m’émeut, me transporte dans la steppe, ses chevaux remplacés par des motos, sa gnôle imbuvable qui peut tuer les boyaux et les corps. Deuxième vision concluante de cet auteur après Jinpa en 2018.
- Visionné Bergman island, film de Mia Hansen-Love : pas déçu par le bel Anders Danielsen Lie découvert dans Julie (en 12 chapitres). Le scénario est un peu prêchi-prêcha et me ramène à l’ambiance des Amours d’Anaïs.
- Vu le jour de sa sortie, Compartiment N°6, si juste et touchant film de Juho Kuosmanen, servi par le jeu du nouvel acteur fétiche du public russe, Yuriy Borisov, mais aussi par l’héroïne finlandaise dans le train Moscou – Mourmansk, Seidi Haarla. Les roulades dans la neige de Mourmansk, la régression de ces deux jeunes adultes qui trouvent leur langage corporel à défaut de savoir se parler, me ramènent à notre séjour familial dans cette ville dont je suis si fier, la destination improbable par excellence.
- Des hommes. Tiens, je n’ai rien écrit dans mon journal sur ce film sur les exactions des Français en Algérie et leurs conséquences psychologiques pendant les décennies qui suivent et sur les générations qui suivent. J’en parlerais volontiers à ma psy. Problème, sous un prétexte fallacieux, je viens de la congédier (pour tenter de voler plus haut). Il me reste l’image d’un Gérard Depardieu hégémonique et de combats atroces entre Français et résistants algériens, avec beaucoup de Tomato Ketchup.
- Plaisir des retrouvailles avec le cinéma le 19 mai 2021. Drunk de Thomas Vinterberg m’a touché (mes amis en ont marre que je sois si régulièrement touché ou bouleversé, je m’en fous). Les trois mousquetaires avinés de l’éducation nationale danoise qui sont quatre bien sûr, du moins au début, parlent à mon cœur et mon corps, toujours partagés entre l’addiction et la santé, la fête et les faits, la fesse et la tête.
- Vu Eiffel, film de Martin Bourboulon le jour de sa sortie. Romain Duris est éreinté par la critique intellectuelle. Je l’aime depuis De battre mon cœur s’est arrêté, film de Jacques Audiard sorti en 2005. Vivre les affres de la construction de la Tour Eiffel, l’opposition des bourgeois du Champ de Mars, me ramène dans l’ère Dati pendant mes quinze ans dans ce quartier.
- Vu avec ma sœur et mon beau-frère, Eugénie Grandet, film de Marc Dugain. Mon souvenir de la lecture de Balzac il y a trente-cinq ans était complètement effacé. La condition féminine méprisée, la petitesse de l’avarice (le péché qui coûte le moins d’argent), le conformisme social rural de la France il y a à peine deux siècles, sont consternants. L’interprétation du père (Félix) Grandet par Olivier Gourmet est magistrale. Ce qui est reproché par le régime du PCC à Jack Ma aujourd’hui c’est tout simplement de ne pas s’être comporté comme Félix Grandet, de ne pas avoir géré sa fortune dans le secret, d’avoir ouvert en particulier cette Université Hupan à Hangzhou, vitrine de sa fortune et de ses valeurs.
- France, film de Bruno Dumont, m’a replongé dans l’univers d’une ex qui travaillait dans la com, le paraître permanent, la tromperie à la Poivre d’Arvor, la grandeur et la descente, les drames, les assistantes qui aident la mayonnaise à monter, ajoutent de la tension à la tension. Le petit journaliste déguisé en prof de latin dont finira par s’enticher France de Meurs (France demeure, France 2 meurt) me rappelle quelqu’un, je vérifie, ce n’est pas lui, même minois de fouine, même sensiblerie à peine dissimulable. L’accident de voiture est mémorable, est-ce au calanques de Piana ?
- Un soir de juillet, j’ai foncé à la Cinémathèque sur mon biclou, voir l’avant-première de La Tour de Nesle de Noël Herpe. Le jeu d’Arthur Dreyfus est pertinent, touchant, le huis clos dans un appartement du XIème un peu trop cheap pour moi le gros snob (je comprends parfaitement la distanciation brechtienne mais il me faut plus de luxe), le texte érudit, je salue la performance.
- Vu La voix d’Aida, très crédible film de Jasmila Zbanic sur le massacre de Srebrenica. Je songe pendant la projection à la souffrance de mon ex-assistante illusionniste alors que les Serbes étaient plutôt les criminels dans cette guerre que je n’ai pas vu passer, occupé que j’étais en juillet 1995 à vendre des disjoncteurs au malaisiens…Mladic et Karadzic coulent le restant de leur existence en prison, ils sont au-delà de soixante-quinze ans tous les deux et ont près de neuf mille morts à leur débit dans cette ville…Milosevic, lui, n’a pas résisté à sa geôle au-delà de soixante-cinq ans, il est mort d’un infarctus du myocarde.
- Vu sur Netflix Le Bal des 41 de David Pablos. Double vie, intenable, femme blessée, digne, qui cherche son mode de survie. Le Président du Mexique gracie son gendre, belle scènes d’amour entre les quarante-deux hommes de la société secrète. Le Club Saint Sébastien propose-t-il des activités de gangbang comme ce fut le cas de ce club à la fin du 19ème siècle à Mexico ?
- Je n’ai pas pu rester au-delà de trois quarts d’heure dans la salle projetant Le genou d’Ahed, de Nadav Lapid. Trop de bruit, de mouvements de caméra, j’ai eu le mal de mer. J’avais pourtant beaucoup aimé le précédent film de ce réalisateur, Synonymes.
- Vu Le Milieu de l’horizon, film de Delphine Lehericey. Le héros de treize ans en 1976 me rappelle un certain…moi. Laetitia Casta joue mal, elle est meilleure en parent d’élève qu’en actrice. La sécheresse de 1976 n’était pas restée dans mon souvenir. Où étais-je? Comme beaucoup de films ces temps-ci, il n’a pas eu la durée de vie qu’on aurait pu lui souhaiter : sorti le 20 octobre 2021, sa bande annonce était visible depuis septembre 2019 et il n’est déjà pratiquement plus visible à Paris trois semaines plus tard.
- Suis allé avec un ami cher voir Madres Paralelas, dernier film de Pedro Almodovar. Je lui ai fait remarquer qu’il avait « perdu connaissance » à de multiples reprises pendant la projection, il a mis cela sur le compte des deux ou trois heures de sommeil seulement de la nuit précédente, solitaire pour la première fois depuis longtemps. Pour lui, le film est ni fait ni à faire, Almodovar est vieillissant, le montage est besogneux, les prises de vue datées. De mon côté, j’ai été assez sidéré par la banalité d’une partie du scénario sur l’échange de bébé. Pénélope Cruz est sublime au plan physique, mais en ce qui concerne son jeu, il est moins percutant que celui de sa consœur, Milena Smit, une actrice de 25 ans seulement, prometteuse créature androgyne.
- Vu Mon légionnaire, deuxième long métrage de Rachel Lang. J’y suis allé pour la bande annonce (les courses poursuite en engin militaire dans le désert du Mali), et surtout les deux acteurs principaux, Louis Garrel et Camille Cottin. La Corse est somptueuse comme elle l’est, Louis Garrel en chef de guerre est droit comme un i, cette droiture déteint sur le couple. Je ressors bouleversé diraient mes amis, c’est bon signe. De retour à la maison, j’essaie de comprendre si Rachel est bien une fille ou si par hasard c’est un gars (j’en doute car je perçois une certaine dose de féminisme dans la mise en scène qui me semble devoir être la marque de fabrique d’une femme). La nana est jeune et se dit réserviste, je suis donc tombé dans les bras d’une mili, sentiment d’avoir été dupé. Interview de Louis Garrel sur ses secrets de tournage, il évoque le prochain film de Christophe Honoré, Les pieds sur terre, date de sortie inconnue, tournage en cours.
- Vu avec mon fils Mourir peut attendre, le dernier James Bond où 007 est désormais une jeune black féminine ! A part cela, no surprise, si, le héros meurt, c’est une rupture épistémologique considérable !
- Passion simple, film de Danielle Arbid avec Sergei Polunin, vu également avec mon fils qui s’est plaint pendant tout le film : les deux protagonistes inspirés d’Annie Ernaux et son amant de passage font l’amour du début à la fin du film. La bite de Serguei est somptueuse, large, la peau recouvrant le prépuce est fine et l’on devine le gland au point de se demander, l’espace d’un instant, si l’homme est circoncis. Une recherche internet me le fait découvrir magnifique danseur étoile mais je trouve aussi, hélas : Début 2019, ses propos homophobes, sexistes, "grossophobes" et élogieux à l'égard de Poutine (il arbore un tatouage du président russe sur la poitrine) font scandale, au point que l'Opéra de Paris annule son invitation.
- Vu Serre-moi fort, septième film de Mathieu Amalric. Très habile scénario faisant très largement appel au flashback, à la déconstruction de la frise temporelle. Magnifique interprétation de Vicky Krieps dans le rôle principal (Clarisse). Le piano est omniprésent. Je suis inspiré.
- Dans l’avion pour Vancouver, vu Slalom de Charlène Favier, c’est un peu Perrine Pelen, cette Lyz qui réussit à être championne de France de slalom. Les scènes de sexe avec son entraineur sont douces, elle ne se venge pas, on est dans la rencontre, certes sous influence, pas dans le jugement.
- Vu Supernova, film de Harry Macqueen, un couple de Britanniques gay dont l’un (Tusker) est atteint d’Alzheimer. Beaucoup d’émotions, il faut accepter de faire le deuil d’une personne qui vit encore, dit Sam, son compagnon, je ne ressens pas le deuil de ma mère atteinte de cette maladie, mais un bon ami a ressenti cela avec son père : il était déjà mort depuis dix ans m’avait-il confié le jour des obsèques.
- The Father, lui non plus, ne m’avait pas inspiré une ligne dans mon journal. Je re-visionne donc la bande annonce sur Allociné. Film de Florian Zeller avec, dans le rôle principal, Anthony Hopkins. L’Alzheimer encore, le sien en version méchante. Celui de ma mère est Dieu merci (mais Dieu n’existe pas) en version gentille.
- Ecrit un post sur mon blog sur deux films dont Titane de Julia Ducourneau : https://www.tanguypiole.com/single-post/mes-yeux-ne-peuvent-pas-tout-histoires-de-ciné
- Vu à Montréal le film documentaire Un pays qui se tient sage, de David Dufresne sur la violence d’état lors des émeutes des Gilets Jaunes. Que pensent de la France les Canadiens qui se rendent dans cette salle obscure du Cineplex du Quartier Latin de Montréal ? La dernière scène de la main arrachée est insoutenable. Au générique, cinq mains arrachées et vingt-sept éborgnements. C’était 2018, on dirait le siècle de Zola.
Comments