L’Institut du Monde Arabe LGBTQIA+
Cela faisait longtemps que je n’étais pas venu rendre visite à ses moucharabiehs. L’Institut du Monde Arabe a vieilli comme son Président. Jack Lang, lui, a pourtant bon pied, bon œil. Malgré mon peu d’envie de retourner en Ouzbékistan six mois après ma visite, l’exposition « Sur les routes de Samarcande » est soudain devenue incontournable. Tant qu’à faire, j’y étais, plus possible de reculer. Les retraités du lundi après-midi mitraillaient de leurs Iphones des parures de khans brodées à l’or fin. Je me suis laissé impressionner, n’avais rien vu de tel dans les musées des oasis. Mais c’était pour l’exposition « Habibi, les révolutions de l’amour » que j’avais fait le déplacement. Sur un sujet innovant et prometteur, la gayté et le lesbianisme en monde arabe (« les identités LGBTQIA+ », disait plus politiquement correctement le guide de l’exposition). Bigre, la cause a encore des voies de progression. N’étaient quasiment représentés que des artistes arabes et perses de la diaspora. Est-ce qu’aucun d’eux, « là-bas », n’aurait pris le risque d’une représentation d’hommes emboités ou de femmes en soixante-neuf ? « Amère est la vérité, va falloir s’y faire » ânonnait à l’envi tel acteur vêtu en drag-queen dans une vidéo dont le son remplissait l’espace exigu octroyé au sous-sol de l’Institut à cette cause qui méritait mieux. « Je cherche un CDI (et un plan Q régulier) » disait une broderie sobrement encadrée. Ce n’était pas la foule des grands jours, les bourgeois épris d’Asie centrale ne se risquaient pas à descendre les marches jusqu’au sous-sol. Le cœur un peu lourd, je me demandais comment retomber sur mes pattes. Trouver les mots pour dire que cette exposition ouvrait une voie, que ce pèlerinage en Orient compliqué pouvait se faire encore jusqu’au 19 mars 2023. Quand j’ai poussé la grande porte en aluminium pour retrouver Paris, la ville pleurait dans un air à cinq degrés. Le Marais n’était pas loin et ses artistes de « là-bas ».
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