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Envouté par Jean-Baptiste del Amo

Tanguy Piole
17 mars
2 min de lecture

Quatre ans après son dernier roman, Le Fils de l’homme, huis clos inquiétant dans une maison perdue dans la forêt, Jean-Baptiste del Amo m’a plongé dans un monde encore plus angoissant dont il a été impossible de m’extraire avant d’avoir achevé ma lecture. Avec La nuit ravagée, j’ai d’abord été transporté dans un microcosme de la France profonde des années 80 rappelant, en version sud-ouest, celui de Leurs enfants après eux, prix Goncourt 2018 de Nicolas Mathieu récemment adapté au cinéma par les frères Boukherma. Puis c’est au Club des Cinq de mon enfance que j’ai pensé, Jean-Baptiste del Amo fait d’ailleurs un clin d’œil à Enid Blyton. En réalité, comme suggéré tout le long de son roman et explicité dans une intéressante postface, l’auteur s’est nourri de ses lectures et surtout des films horrifiques qui le passionnent depuis l’adolescence. Moi qui ne connaissais de ce monde que Carrie au bal du diable de Brian de Palma, vu en loucedé avant d’en avoir l’âge légal, et plus récemment, à l’invitation pressante de mon fils l’année de son bac de français, les quatre saisons de la série Stranger Things de Matt et Ross Duffer, je me trouvais fort dépourvu et cependant fasciné ! Ainsi se poursuit la trajectoire littéraire de Jean-Baptiste del Amo et se renforce mon admiration pour lui, sachant que j’ai parfois claironné qu’il était le meilleur écrivain français du vingt-et-unième siècle : la facture aux atours classiques et pourtant si audacieuse et immorale de son premier roman, Une éducation libertine, m’avait bluffé, l’histoire d’un Eugène de Rastignac encore plus malin que celui d’Honoré de Balzac, se faisant une place au soleil dans le Paris du dix-huitième siècle non seulement en couchant avec des femmes mais aussi avec leurs maris. Ayant vécu et même « visionné » La nuit ravagée autant que je l’ai lu, j’attends avec impatience l’adaptation cinématographique de ce roman singulier.