« Cinq petites tristesses », et après ?
J’ai pris du temps pour m’imprégner de Cinq petites tristesses, premier roman de Léontine Béhaeghel : lorsqu’on décolle le sparadrap d’un pansement, il faut y aller doucement. Le texte est ancré de manière quasi clinique dans la réalité, une fiction en forme de confession (dans la collection Confessions chez Robert Laffont). Derrière l’héroïne Léonie il y a Léontine, cette dernière l’annonce sans ambage. Et l’homme tordu de Léonie (son parrain) est aussi celui de Léontine. Homme tordu ? C’est compliqué la torsion d’un homme, ça commence où ? Le parrain entretient une relation amoureuse avec sa filleule. Il est tordu.
J’ai aussi visionné les vidéos de l’autrice. Que dirais-je à cette jeune fille si je la rencontrais ? Que l’homme que je suis est authentiquement sensible à son histoire et à son écriture et salue la performance littéraire. Dans l’une de ses interviews, Léontine assène qu’une part très faible d’hommes lui a fait ce type de compliment. J’aurais envie de répliquer que les hommes ne sont pourtant pas tous tordus ni coincés, que s’est-il passé ?
Tristesses ? La souffrance de l’emprise est remarquablement scrutée, exprimée comme on exprime le jus d’une orange. « Tu vomis puis tu nettoies ». C’est ce que je peux souhaiter de meilleur à Léontine : avoir fini d’éponger la toile cirée de sa nouvelle cuisine, de briquer sa nouvelle vie.
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