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Quête arctique - Post 3/12 : Tueurs d’ours polaires


Scrutant la forêt boréale depuis ma place de train, je me perds dans le paysage. Entre veille et sommeil, je scrute les images de précédents voyages : les chiens hurlant, le visage poupin d’un certain Jackson, jeune et fier de ses deux cadavres, les carcasses stockées sur les balcons. Le Nunavut autorise la chasse aux ours polaires à partir de dix-huit ans, douze avec autorisation parentale. L’espèce est protégée depuis 1973, mais les Inuit ont conservé des droits de chasse dans les Territoires du Nord-Ouest, au Nunavut et au Québec. Chaque année, chasseurs et biologistes se mettent d’accord sur un quota de chasse par communauté. Et pour compenser le manque à gagner des ventes de peaux de phoques désormais interdites, les Inuit revendent une partie de ces quotas. Des Américains chez qui la chasse à l’ours polaire est interdite leur versent vingt-cinq mille dollars canadiens par ours tué. Un guide inuit est requis et le déplacement doit se faire en traîneau à chiens : mille dollars par participant et par jour. Ajoutez le prix de l’avion pour le Nunavut et la vignette actant le droit à occire : jusqu’à trente-cinq mille dollars par ours tué. Et interdiction de rapporter au pays aucun trophée : viande, pattes, fourrure, tout est pour les populations locales, hommes et chiens de traineau. Les disciples du Donald les plus résolus appliquent sans broncher ces règles. Mais attention, il peut courir à quarante-cinq kilomètres heure l’ours polaire, beaucoup plus vite qu’un homme. Si l’on se retrouve nez à museau avec lui, surtout ne pas s’enfuir en courant. Le regarder, ne pas hurler mais crier fort, d’une voix grave, en émettant le son « OOOOO ». Et si un combat doit avoir lieu et qu’on dispose d’une arme contendante, taper, taper, taper, s’y reprendre à plusieurs fois, les fiches explicatives disponibles un peu partout sont formelles. Le combat y est très sérieusement envisagé : « Si un ours attaque : Tenez votre position et soyez prêts à vous battre ! Contrairement aux ours noirs et aux grizzlis, l’ours polaire fait rarement une fausse attaque. » Je me réveille en sursaut, j’étais pourchassé par Jackson, il m’avait pris pour un ours.

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