Stranger Eyes, l’audace bienvenue du cinéma singapourien
- Tanguy Piole
- 27 juin
- 1 min de lecture
Vu de ma fenêtre, Yeo Siew Hua est l’autre réalisateur singapourien avec Anthony Chen. Comme souvent avec les films de l’île-état-de-la-bien-pensance, dans Stranger eyes, les Singapouriens filmés par les caméras de surveillance et fliqués jusqu’à la moelle sont le sujet qui affleure. Mais j’y ai surtout vu et aimé le traitement du désir et de la détestation des corps adultes et des bébés qui peuvent en résulter. Sans dévoiler le film, son argument rappelle celui de Faute d’amour d’Andrey Zvyangintsev. Et dans le rôle d’un voyeur proche de l’autisme vivant chez sa maman sénile, j’ai adoré l’ineffable Lee Kang-sheng, acteur inséparable de l’œuvre du grand Tsai Ming Liang. Le scénario est compliqué, il était salutaire d’échanger à la sortie de la séance avec quelques spectateurs anonymes tout aussi incertains que moi de l’interprétation de certaines scènes. Nos échanges nous ont éclairés. Tels des instituteurs au chevet d’un élève turbulent, nous avons tranché : Yeo Siew Hua a beaucoup d’audace et de talent mais il devrait donner à son texte plus de clarté s’il veut nous séduire complètement. En tout cas, il a marqué un point : de retour de cette projection, la tête dans la moiteur du soir équatorial, je marchais en pensée dans un Singapour intelligent et tendre alors que je n’ai jamais aimé ce pays !
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