Son parcours amoureux est son œuvre, stupéfiante Chloé Barreau
- Tanguy Piole
- 10 juin
- 1 min de lecture
À quarante-neuf ans, Chloé Barreau vient de livrer l’œuvre d’une vie : son reportage Fragments d’un parcours amoureux résulte de la compilation, depuis trente ans, de milliers d’heures d’enregistrement de son existence à la caméra portable. Du lycée Henri IV aux plages de ses vacances et aux appartements de ses amoureux et de ses amoureuses, en France et en Italie, elle a filmé sans relâche, provoquant curiosité et parfois agacement chez ses chums. Récemment, elle a repris contact avec chacun et chacune, seul un protagoniste de ses ébats n’a pas joué le jeu. Les douze autres, ont accepté de témoigner face caméra, une caméra tenue par une technicienne «indépendante ». La vie de la réalisatrice se confondait-elle depuis le début avec son désir de cinéma ? Dans son exhibition de sa vie, Chloé Barreau est allée encore plus loin qu’Arthur Dreyfus et son Journal sexuel d’un garçon d’aujourd’hui, lui ne révèle pas l’identité de ses - très - nombreuses conquêtes (mais dit beaucoup d’autres choses d’elles). Pour l’un comme pour l’autre, vivre passe par écrire ou filmer, et inversement. Marguerite Duras (entre autres) s’est souvent exprimée dans le même sens. À l’enseigne des Fragments d’un discours amoureux publiés en 1976 par Roland Barthes, le film est rythmé par des thématiques s’apparentant aux figures servant de tête de chapitre à l’essai de Barthes, Je-t-aime, Souvenir, Vérité, Corps, etc. Est-ce parce que tous les protagonistes sont authentiquement sincères et intelligents, le film de Chloé Barreau est une merveille.
Comments