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Quête arctique - Post 8/12 : Quand j’étais indésirable


En août 2021, un méchant virus interdisait le voyage transatlantique. Sauf exception. Arguant de mon statut de père d’une Canadienne de Montréal, j’avais décroché un vol pour Vancouver - cinq-mille kilomètres plus à l’ouest - puis pris le train et l’avion jusqu’à Yellowknife, capitale des Territoires du Nord-Ouest, escale obligée sur la route du Grand Nord. Malgré le feu vert verbal des autorités sanitaires pour poursuivre en avion vers la « small community » d’Ulukhaktok (moyennant un test PCR covid négatif dûment obtenu), j’avais reçu le soir un email comminatoire « Denial of Tourism Travel » m’ordonnant de ne pas bouger. Le surlendemain, décollage forcé vers le Sud et non le Nord après vingt-deux heures enfermé dans ma chambre d’hôte dénichée sur Booking.com (cette rareté était tenue par une famille chinoise qui avait limité au minimum sa conversation avec moi, encore était-ce à travers des masques hygiéniques, mes gouttelettes pourtant triplement vaccinées la terrifiaient). Insatisfaites de ma réponse à leur courriel, les autorités sanitaires m’avaient en effet envoyé deux agents. Ni ma propriétaire ni moi-même n’avions pourtant communiqué à quiconque notre deal, le hacking des données de Booking.com était sans doute pour elles un jeu d’enfant. À peine étais-je revenu d’un très illégal et exotique tour de la ville, les deux types patibulaires mais courtois étaient là, me donnant deux choix, me mettre en quatorzaine (un des mots improbables des années covid avec écouvillon, confinement et antigénique) dans la charmante bourgade de Yellowknife, ou bien quitter la cité. À ma question sur le délai qu’on m’accordait pour ce faire, Dupont et Dupond m’avaient laissé proposer une réponse, j’avais suggéré vingt-quatre heures qui m’avaient été accordées. J’avais donc le lendemain repris l’avion pour des provinces à peine moins tatillonnes, réussissant in extremis à faire valoir auprès de la compagnie aérienne Canadian North l’impossibilité où j’avais été de consommer leur billet pour le Grand Nord dûment payé. Magnanime, elle m’avait octroyé un avoir pour un voyage ultérieur. D’où mon séjour sur l’île d’Ellesmere l’année suivante.

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