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Quête arctique - Post 4/12 : Une obsession


Après deux jours de voyage, Churchill est annoncé, les réseaux balbutient, chacun se précipite sur son écran, les stories et les morts, de Kiev à Gaza. La descente du train est fébrile. Sur le quai, un jeune homme au visage arrondi arbore un panneau avec mon nom. Ses traits ne sont-ils pas chinois ? Dans sa réponse fuyante j’entends une confirmation. Le lendemain mon hôte accepte l’échange en mandarin, livre ses projets familiaux autour du bien-être de l’unique rejeton. L’un consisterait à lui donner une éducation au Luxembourg pour son multilinguisme, un autre verrait la famille déménager à Pond Inlet, Nunavut, pour que le petit s’intègre à la communauté inuite et apprenne l’inuktitut. Je crois déceler dans le plan numéro 2 un mélange de bien-pensance canadienne et de langue de bois digne du China Daily, promets mon aide pour le plan numéro 1. Lors de mes précédents voyages dans le Grand Nord, je n’avais vu de l’ours polaire que crânes et chairs réfrigérés, cette année mon odyssée se veut celle de l’ours vivant. Nous sommes à un jet de pierre du Nunavut mais ici c’est le Manitoba, la chasse à l’ours polaire est interdite, place au tourisme animalier ! Sonné par le voyage, la lecture des omniprésentes injonctions de prudence et l’histoire vraie d’un ours musardant cette semaine à l’heure de la rentrée des classes, devrais-je patiemment attendre dans mon lit l’arrivée du 4x4 libératoire commandé il y a dix mois, visionner « Churchill, Polar Bear Town », court-métrage d’Annabelle Amoros, témoignage glaçant d’une victime sauvagement attaquée ici-même par le grand prédateur ?…Non pas. Sous une température ressentie vingt degrés sous zéro j’entreprends de quadriller la ville en mode alternatif, marche pour l’instruction dans les « points d’attraction » (musée, bibliothèque, poste, église, supermarché), course à pied pour les endorphines, toujours à l’affût, un œil derrière la tête, pas de fourrure sur les tympans. C’est ainsi que je survis à deux jours d’errance, n’échappant pas à mon cauchemar la nuit venue, Jackson-le-chasseur me confondant avec l’ours : désir et danger du flirt avec le plantigrade.


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