Freedom Sonata, chorégraphie intranquille d’Emanuel Gat
- Tanguy Piole
- 21 mars
- 2 min de lecture
Aller voir Freedom Sonata d’Emanuel Gat au Théâtre de la Ville est une belle manière de fêter le printemps. Au programme, pour ce spectacle de danse sur une bande son éclatante, « une lutte philosophique entre la forme sonate et l’invention dansée ». Tout est contraste chez Emanuel Gat. Groggy en fin de spectacle, retrouvant Paris fêtant la fin des froids, j’apercevais, imprimé à vie dans mon cortex, le ciel d’un Dieu anonyme veillant ici-bas sur le genre humain, le noir inquiétant d’une scène plongée dans la pénombre vaincu par le blanc des rouleaux de vinyle plaqués au sol par les danseurs dans une chorégraphie de vains travaux publics, le corps de garçons dévêtus exhortant celui de filles en vêtements blancs puis marine, des scènes en basket pour dire non aux pieds nus, de dociles enlacements pour alléger de fébriles luttes à mort. Et je baignais dans la musique de Beethoven (le deuxième mouvement de la Sonate pour piano n° 32 en ut mineur, op. 111, du jazz vieux de deux-cents ans !), qui avait reposé mes nerfs excités par celle, r’n’b, gospel et hip-hop, de Kanye West (The Life of Pablo - 2016). Le Théâtre de la Ville avait proposé aux spectateurs un remboursement des billets pour ceux qui auraient été bloqués par certaines révélations sur Kanye West sur les réseaux sociaux : « Les propos racistes et antisémites récents de ce chanteur, qui s’ajoutent à d’autres prises de positions controversées depuis plusieurs années, sont intolérables. ». Il n’en avait sans doute fallu pas plus pour que la salle soit comble. Mais les applaudissements de fin de spectacle avaient été plus timides que le show lui-même, une véritable explosion physique, sensuelle et musicale. Au Théâtre de la Ville jusqu’au 25 mars.
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