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Comme un flou à l’orangerie

  • Photo du rédacteur: Tanguy Piole
    Tanguy Piole
  • 30 mai
  • 2 min de lecture


« Quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup » avait ironisé Martine Aubry à propos de François Hollande. C’était vrai, le flou allait servir le candidat et le porter à la présidence de la République. En peinture comme en photo aussi, le flou est un puissant stratagème pour véhiculer la poésie et, souvent, la tragédie. Poésie d’abord. L’exposition Dans le flou au Musée de l’orangerie a fait rejaillir en moi le trouble ressenti devant la peinture de J.M. William Turner - Paysage avec une rivière et une baie dans le lointain - et la sculpture de Rodin à peine ébauchée sur marbre blanc - Avant le naufrage - : grâce à son rendu vaporeux des contours (le sfumato), la juxtaposition d’une figure féminine et de mains viriles disproportionnées confine à l’onirisme. Tragédie ensuite. Plusieurs artistes contemporains se donnent à deviner, Thomas Ruff et son œuvre jpeg ny01 (2004) tirée d’une photo des Twin Towers en feu, Alfredo Jaar et ses Six seconds (2000), consacrées au génocide rwandais. « C’est l’image d’une jeune fille de dos. Cette jeune fille avait été témoin de la scène où son père et sa mère se font tuer à coups de machette. J’avais pris rendez-vous pour qu’elle me raconte son histoire. Mais quand elle est arrivée, elle a changé d’avis (…) Au moment où elle se retourne et rebrousse chemin, je saisis mon appareil et prends une photo sans vraiment faire le point, d’où le flou. Cette image représente mon incapacité à raconter l’expérience de cette femme ou l’expérience du Rwanda - l’impossibilité. » Gerhard Richter a, lui aussi, eu recours au flou pour peindre les attaques du 11 septembre 2001 - September (2005) - : ma relation à la réalité a toujours eu à voir avec le flou, l’insécurité, l’inconsistance, l’incomplétude, je ne sais quoi encore. Enfin, les œuvres en forme de cris du cœur réalisées pendant le confinement bourgeonnent ces derniers temps : Nan Goldin photographie un bouquet devant sa fenêtre d’observation du monde de dehors. 1st Days in Quarantine, Brooklyn, NY, photo floue bien sûr. Troublante.

 

Jusqu’au 4 juillet 2025 au Musée de l’orangerie

 

 

 

 

 

 

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