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Boris Soutzo est un jeune réalisateur plein d’avenir


C’était une bonne semaine pour Boris Soutzo, signataire d’un contrat de scénariste pour un futur long métrage le lundi, lançant son premier court métrage le dimanche. Présenté dans le cadre du festival Poly Films 2023, « À l’heure de notre mort » a ému la salle du Grand Action. Le public a été sensible à la distanciation des dialogues (oserait-on écrire qu’elle est d’inspiration rohmerienne ?) dans une famille tradi dont la matriarche vit ses derniers instants. Appréhender la mort n’est pas se conformer. Recueillies « autour du lit de mort » comme dans le tableau d’Edvard Munch (1895), les femmes de la maison inventent chacune leur manière au fur et à mesure que les gémissements de la vieille se transforment en cris de douleur et de peur avant de faire place au silence. Plus pudiques, les hommes restent en retrait, occupés à dérouler la vie matérielle comme pour empêcher qu’elle se fasse arrêter par l’inexorable défaite du corps. De l’émoi au sourire, on se laisse transporter par ce film où l’important semble être le passage de l’épreuve du deuil dans la poursuite de la normalité. Un scénario intimiste dans le huis clos de la famille et de ses frictions, une image d’intérieur à la Carl Dreyer version couleur pastel, le décor minimaliste d’une maison de campagne où pénètrent, dans un jaillissement, les éclairs d’un orage d’été, la présence palpable du Divin dans une scène de prière collective, à vingt-huit ans Boris Soutzo impressionne par son audace et sa maturité. À l’heure de sa naissance, on a hâte de le voir cheminer et prospérer.

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